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Chronique "Noise and Resistance : Voices from the DIY Underground "

Ce docu nous offre un tour d'Europe de différentes scènes punks, depuis les squats barcelonais aux faubourgs de Moscou en passant par la Suède, les camps queer de Berlin ou les anarko-punks de Londres. Le montage est dynamique, les interviews s'entremêlent et l'on n'a pas le temps de s'ennuyer pendant les 1H30 que dure la vidéo.

Les personnes interviewées ne sont pas les dernières à se bouger. Entre les nazis et la police de Poutine, les moscovites de What We Feel ne semblent pas avoir le choix de s'organiser pour rester en vie s'ils veulent continuer à militer et faire de la zik. A Barcelone les punks célèbrent les 100 ans de la "setmana tràgica" qui avait vu la Catalogne se soulever contre l'enrôlement des classes populaires dans la guerre de colonisation du Maroc. En Suède, des pom-pom girls moustachues se donnent en spectacle pour pousser les filles à être agressives et à ne pas se laisser faire pendant que les pépés punx de Crass reviennent sur leur épopée.

A entendre tout cela, on pourrait presque croire qu'être punk est synonyme de "militant". D'ailleurs, dès les premières minutes, le ton est donné :
"Pour moi le punk c'est l'action. C'est agir. C'est synonyme de lutte, d'esprit critique."

Ok pourquoi pas.

Mais dans ce cas pourquoi ne voit-on jamais (ou presque) de crête en manif? Pourquoi les membres de groupes punks super-engagés ne font bien souvent rien de plus que de gueuler dans un micro?

Pourquoi leurs fans peuvent faire 500 bornes en caisses pour voir 20 min de concerts et toujours trouver de très bonnes excuses pour ne pas participer à l'action qui se passe en bas de chez eux?
Où se cachent ces armées de punks bardés de patches appelant à la révolte? On peut les voir dans les festivals mais ils deviennent vite invisibles lors de camps d'action, d'occupations ou d'autre mobilisation politique.
C'est là toute l'ambigüité d'une scène punk qui, vue de l'extérieur, peut donner l'impression d'être un vivier d'activistes mais qui finalement ne sert au mieux qu'à ramener quelques thunes lors de concerts de soutien.
Alors, le punk n'aurait-il finalement rien à voir avec la politique? Sans doute pas, mais il ne faudrait pas oublier qu'avoir les cheveux roses et verts, des piercings et organiser des concerts à prix libre n'ont jamais changé grand-chose à cette société.

C'est finalement dans ce docu même qu'on peut trouver un début de réponse par la voie du guitariste du groupe hollandais Seein Red :
"Si tu n'essaies pas de faire passer tes idées de la salle de concert à ton lieu de travail, dans ton entourage ou n'importe où ailleurs, alors tout ça est inutile".


http://www.noise-resistance.de
90', téléchargeable sur internet en cherchant bien.



Posté le 11/02/2013


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