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Mémoires des luttes

Il faut lutter AUJOURD'HUI pour construire le monde de DEMAIN... Cependant il peut être utile de se rappeler les luttes d'HIER et d'en tirer certains enseignements.

Cette rubrique a pour but de faire vivre la mémoire des combats passés en se remémorant quelques faits d'armes du mouvement ouvrier.

Aujourd'hui : le 3 février 1887

Le 3 février 1887, la Bourse du Travail de Paris – la première de France – est inaugurée. Les autorités décident de soutenir le projet en accordant une subvention aux syndicalistes : malheureux ! Ils ne se doutent pas à ce moment là, que les chambres syndicales vont créer un formidable outil d'émancipation... Partout en France, les syndicats des centres industriels vont se regrouper au sein de Bourses.

A l'origine les Bourses sont pensées avant tout comme des « maisons des syndicats » et comme des bureaux de placement pour les « sans travail » face à la carence des autorités dans ce domaine et aux abus fréquents des bureaux privés (manifestations ouvrières massives contre ceux-ci avant l'ouverture des Bourses ouvrières). Mais grâce à l'action de militants comme Fernand Pelloutier, les Bourses vont se doter de services multiples : cours professionnels, services sociaux en tout genre, théâtre social etc... Le but est de construire une véritable contre-culture ouvrière, une culture par les ouvriers et pour les ouvriers.

Pour reprendre la formule de Pelloutier il faut « éduquer pour révolter » ! De nombreuses conférences sur l'antimilitarisme, l'émancipation féminine, la réduction du temps de travail etc. sont organisées. Les Bourses, simple regroupement de services sociaux ? Loin s'en faut ! L'expression principale du mouvement ouvrier d'avant-guerre (la Première, hein!) - même si celui-ci est loin d'être uniforme – est le syndicalisme révolutionnaire. Syndicalistes car le syndicat pour ces hommes et ces femmes représente l'expression la plus spontanée, la plus naturelle et la plus solidaire d'organisation. Révolutionnaire, car dans une structure locale comme la Bourse du Travail s'élabore la société de demain, une société sans flic ni patron !

Expérience unique en Europe à cette époque, les Bourses du Travail sont l'incarnation d'une volonté d'autonomie de la part du mouvement ouvrier. Malheureusement l'expérience est de courte durée : à partir de 1912 la section des Bourses se fond dans la CGT, les Unions Départementales prennent le relais et les Bourses cessent d'être un élément si particulier dans le paysage ouvrier...

Professeur Épile Mouget


Pour aller plus loin :

- www.pelloutier.net : de nombreux articles sur l'histoire (et l'actualité) du syndicalisme révolutionnaire.
- Histoire des Bourses du Travail de Fernand Pelloutier, publications gramma.
- Le syndicalisme révolutionnaire, la Charte d'Amiens et l'autonomie ouvrière, collectif, Editions CNT.


Posté le 11/02/2013


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