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Chronique - La cendre et les etoiles

Dans un futur très proche, en France comme ailleurs, la crise économique pousse les peuples à se révolter, mais sans spécialement chercher à prendre ou détruire le pouvoir, mais plutôt en créant des alternatives durables et concrètes au capitalisme.

Les "autonomes" (dans le sens "anar" du terme, considérés comme de véritables héros et héroïnes dans ce livre) se mettent en tête d'attaquer de façon quasi militaire les banques, de les piller pour ensuite utiliser l'argent récoltée pour racheter les usines en difficulté et les remettre aux mains des ouvriers. Tout un pan de la société devient alors autogestionnaire et coexiste avec la "vieille économie" capitaliste qui a de plus en plus de mal à suivre.

Beaucoup de choses fonctionnent dans ce récit, comme par exemple la description des scènes de guérilla urbaine, les relations entre les différentes tendances du mouvement ou entre les différents protagonistes. Mais on a du mal à garder le fil quand on lit que les activistes ont piégé le capitalisme à son propre jeu, en créant des structures autogérées qui s'avèrent plus efficace encore que les entreprises classiques. D'autant que les gens semblent se complaire dans ce double système et ne cherchent plus à faire disparaitre le capitalisme. Quelle est l'intérêt dans ce cas là? Comme dirait l'autre, l'aliénation d'un seul homme sur terre est la négation de la liberté de tous. Bientôt un tome 2 avec tous les capitalistes pendus par les tripes des haut-fonctionnaires?

Un bouquin efficace qui vaut malgré tout le détour.

Morceau choisit:
Soudain, comme un éclair crevant l'orage, un cocktail molotov vient s'écraser sur une palissade et s'enflamme aussitôt. Grosse panique chez les CRS qui ont bondi dans des directions opposées. Il y a ceux qui ont pu se réfugier derrière la palissade et ceux qui se sont éloigné en courant… vers la manif! Passé un temps de stupeur, ces derniers sont bombardés de pierres, de canettes, certains manifestants vont même jusqu'à les courser, les frappant à coup de pied. […] les casques volent, certains sont à terre et continuent de recevoir des coups. […] Les black blocs les attaquent en utilisant des sortes de perches extra-longues tenues à bout de bras pour quatre ou cinq d'entre eux, pendant le reste des manifestants les bombardent à bout portant. […] Frappés, dépouillés, les CRS terrorisés s'en étouffent d'angoisse. Une fois neutralisés, une étrange attitude de torpeur les saisit. Dépourvus de casque et de visière, ils sont là, humains et fragiles, hébétés dans cette mer d'hostilité qui les submerge.

La cendre et les étoiles, de Cédric Rampeau
Editions Le Flibustier
Editionsleflibustier.free.fr

Posté le 11/02/2013


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